Dans le cadre du mois de l’égalité et de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale du 21 mars, l’équipe d’ANI-International a organisé le 30 mars 2021 une table ronde sous le format webinaire sur le thème :
Racisme intériorisé et Intersectionnalité : quelles conséquences ?
Ce webinaire qui s’inscrit dans le projet Tous en Campagne contre les Discriminations qu’ANI-International mène depuis six ans, a permis à la trentaine de participants d’échanger avec trois intervenantes ayant chacune un témoignage différent à apporter sur cette problématique :
-Bassira ISSOUFOU, Responsable Développement Ile-de-France, SOS Racisme
-Fatma CAKIR, Référente scolaire Espace Paris Jeunes Belleville et Responsable Antenne Montreuil de Coexister
-Meggy PYANEEANDEE, Miss Ile-de-france 2016 et Responsable de projets à la communication du groupe l’Oréal
Nous avons eu 31 participant.es à ce Webinaire !
Après le mot d’ouverture de Romuald Dzomo, président de l’association, Amandine Hubert, médiatrice de cet événement et volontaire à ANI-International, a remis en contexte la réalisation de cette table ronde. En rappelant les différents concepts liés à la thématique, elle a posé les termes du débat.
Bassira Issoufou a pu rebondir sur ces propos en tant que chargée de développement Ile-de-France à SOS Racisme. Elle nous a donné un aperçu de la situation en Ile-de-France : sur les 692 dossiers suivis juridiquement par l’association, 49% des dossiers concernent des discriminations raciales. En plus de permanence juridique, des sensibilisations en milieu scolaire et des nombreuses mobilisations citoyennes, SOS Racisme mène des études test afin de quantifier les impacts du racisme dans l’accès à l’emploi et au logement. Ces études sont basées sur le dépôt de dossiers de candidature fictive afin d’observer les chances des candidats selon leurs caractéristiques. Dans une de leur dernière étude, Bassira Issoufou nous rapporte qu’une personne perçue comme d’origine maghrébine aura ainsi un tiers de chance en moins par rapport à une personne perçue comme française d’être rappelée par une agence immobilière après avoir déposé une candidature pour un logement.
Fatma Cakir a ensuite partagé son expérience sur le terrain : par des exemples concrets, elle a montré comment peuvent s’articuler les discriminations et les préjugés chez les jeunes. La méconnaissance de l’autre et de sa culture est le moteur principal des préjugés et des discours de haine auxquels elle est confrontée régulièrement dans le cadre de son travail. Pour combattre ce phénomène, l’association Coexister organise ainsi des cafés débats ouverts à tous et toutes qui sont l’occasion de partager et d’échanger sur les différentes cultures des participants pour déconstruire les préjugés. Elle témoigne aussi du sentiment de rejet dont témoignent les jeunes racisés qu’elle accompagne dans ses fonctions.
Meggy Pyaneeandee, originaire de l’île Maurice, a ensuite témoigné du harcèlement scolaire qu’elle a pu subir pendant son enfant étant « une minorité dans une minorité ». Ensuite, le cyber-harcèlement qu’elle a subi après sa participation au concours Miss France en tant que Miss Ile-de-France, lui a permis de comprendre combien il était important de témoigner afin de contrer ces phénomènes d’invisibilisation et de banalisation du racisme notamment sur les réseaux sociaux. Meggy Pyaneeandee est aussi revenue sur les raisons de cette participation à ce concours emblématique. Ayant intériorisé les préjugés dont elle a été victime, enfant, elle ne s’est jamais sentie belle et n’avait donc jamais émis la possibilité de se présenter à un concours de beauté. Pour autant, lorsqu’on lui a proposé, elle a saisi l’occasion pour être un modèle auprès des jeunes de sa communauté et leur montrer qu’il était possible « [d’]être fille d’immigré et de faire de longues études ».
Enfin, les participants ont pu poser leurs questions aux intervenantes grâce à la médiation de Jeanine Kanikainathan, chargée de mission à ANI-International.
Nous remercions les intervenantes d’avoir partagé avec nous leur expérience et échanger avec les participant·es ! Nous tenons également à remercier la Mairie de Paris, la Fondation Abbé Pierre et l’Agence du Service Civique pour leur soutien !
Nous espérons vous revoir tous et toutes bientôt lors de notre prochain événement : en particulier le forum Tous en Campagne contre les Discriminations qui aura lieu le mercredi 2 juin 2021 au Centre Paris Anim’ Curial sous réserve des conditions sanitaires ! En attendant, nous vous invitons à visiter le site du projet européen RAISE qui vient tout juste de sortir une étude comparative sur les discours de haine en Europe !