Mercredi 11 Avril : Deuxième étape de notre « tour de visite »

Cette étape a été marquée par une journée dans la zone du point focal OKOLA-LOBO, au village d’Okola, qui regroupe 3 associations et GIC du réseau et six champs communautaires : le GIC boussole, le GIC Femmes Actives et le groupe Assasol.

Nous devions rencontrer les responsables de ces groupes et nous avons eu l’agréable surprise, dès notre arrivée, d’être attendues chez Madame Ezah par deux autres femmes, membres du réseau REPTRAMAL.

Les présentations ont été faites : Madame Ezah Clémentine, membre de longue date du réseau, est la responsable depuis 2009 du « GIC Boussole » qui compte 15 membres. A ses côtés étaient présentes Madame Nkoa Martine et Madame Ebode Joséphine, toutes deux également membres du GIC depuis la création. Les femmes de ce groupe pratiquent la polyculture élevage : cacao, manioc, ignames, oignons, maïs, porcs et volailles sont autant d’activités que les membres exercent hors du REPTRAMAL. Madame Ebe Madeleine quant à elle, est la responsable du « GIC Femmes Actives » qui compte 5 membres pratiquant également la polyculture élevage. Ces deux GIC sont dans le REPTRAMAL depuis 2 ans.

La plupart des femmes cumulent les activités aussi bien agricoles que non agricoles. Madame Ezah en est un exemple parfait : juriste de formation, elle a été greffière pendant des années au sein de la capitale, jusqu’à son retour au village où elle est devenue maire dans l’espoir de développer son arrondissement.

Une fois les présentations terminées nous avons entamé une libre discussion à propos du projet et de leurs préoccupations.

Cet échange nous a permis de mieux comprendre le fonctionnement de leurs groupements. Le travail des femmes au sein des GIC et associations est organisé par les femmes elles-mêmes : elles programment les jours de travail au champ et les répartissent entre les membres. Chaque groupement gère ainsi comme il l’entend son rythme de travail et son organisation en fonction de la disponibilité des femmes et de la demande.

La responsable du GIC des Femmes Actives nous a également expliqué que la moitié des bénéfices des ventes est partagée entre les 5 membres à la fin de l’année. Figurez-vous que l’autre moitié est versée au curé du village afin de le remercier de son aide, montrant ainsi le rôle très important que peut avoir l’église pour ces femmes, et plus largement pour les citoyens camerounais.

Les femmes que nous avions devant nous nous ont étonnées par leur détermination et leur confiance en l’avenir. Chaque visite auprès des membres du réseau nous confirme la difficulté de leurs conditions de vie. Le travail au champ est pénible et laborieux et l’activité de transformation est intense, les forçant parfois à embaucher de la main d’œuvre extérieure payante. Les distances à parcourir pour les femmes des villages environnants, entre leurs lieux d’habitation et les champs communautaires, sont importantes (4 à 7 km à faire à pied ou à moto). La difficulté à vendre les produits, issus du manioc en particulier, est omniprésente dû à une trop grande offre et les femmes du réseau qui vendent leurs produits au village, se déplacent régulièrement jusqu’à Yaoundé dans l’espoir d’améliorer leur vente. Les deux dernières éditions du Concours du bon bâton de manioc, organisées par ANI et le REPTRAMAL à Sa’a, étaient aussi des occasions pour elles de vendre leur produit. C’est pour cela que nous organisons, cette année encore, une nouvelle édition à échelle plus importante : la Foire du bon bâton de manioc et de ses dérivés.

Enfin, malgré les délais relativement longs d’obtention des résultats, délais qui s’observent dans tous projets de développement à long terme (sur les projets de développement il n’y a pas de gain immédiat, ce qui peut parfois être difficile à gérer pour les bénéficiaires), les femmes gardent grand espoir en l’avenir, font confiance au réseau et à ses capacités et sont armées d’une patience admirable. Cette détermination et cette ambition attirent d’ailleurs les regards et les commérages de la part de l’entourage et des voisins, dubitatifs et parfois moqueurs face à leurs efforts et à leurs engagements.

Suite à ces échanges, et dans le cadre du projet de mise en place des 5 Unités de Transformation, les femmes ont tenu à nous montrer le local qu’elles envisagent comme site d’implantation. Les trois groupes du point focal sont actuellement en pourparlers avec la mairie, propriétaire du bâtiment, afin d’en négocier la location.

Pour poursuivre nous nous sommes toutes dirigées vers le champ communautaire de GIC Boussole. A la vue de ce champ de 1 hectare nous avons encore une fois pu appréhender la difficulté du travail. Ici encore les femmes ne possèdent pas de matériel, parfois même pas de machettes pour réaliser tous les travaux d’entretiens de la culture.

Une partie du champ communautaire de manioc propre, toutes les adventices ont été retirées, les plants de manioc ont de l’espace

La partie du champ de manioc qui n’a pas encore été entretenue: on observe de nombreuses adventices empêchant le manioc de croître normalement en l’étouffant. On peut ici appréhender la quantité de travail manuel nécessaire à l’entretien de la culture

Évidemment nous ne pouvions partir du village sans goûter aux mets exquis du pays … Nous avons eu la chance en cette journée de savourer des mangues fraiches tout juste tombées de l’arbre, et de nous étonner de la différence de saveur et de texture avec celles que l’on peut trouver en France.

Le retour sur Yaoundé a clôturé cette journée en beauté : à 9 dans une voiture, c’est officiel, record battu depuis notre arrivée au Cameroun !

Le témoignage de ces femmes fortes, dynamiques et travailleuses nous a beaucoup touché et renforce notre motivation ainsi que notre envie de mener à terme notre mission pour participer, ne serait-ce que de manière infime, à l’amélioration de leurs conditions de vie…

« Tant que dieu me donne encore un peu de force, je vais continuer de travailler. » Madame EZAH

Mathilde et Clémence, volontaires en service civique ANI au Cameroun